Peintre français, né à Paris,
mort à Giverny, près de Vernon,
dans l'Eure. Il passa son enfance au havre
où ses parents tenaient un commerce; très tôt
il montra des aptitudes pour le dessin et les couleurs. Il eut
la chance de rencontrer Boudin qui lui donna
quelques leçons dans la campagne et sur les quais du
Havre. Après un premier séjour à Paris
où il a participé à la vie littéraire
des cafés, il doit partir faire son service militaire
en Algérie, ses parents refusant de lui payer un remplaçant.
Libéré après quelques mois, il se rend
à Paris où il entre à l'Atelier
de Gleyre (1862). C'est là qu'il connaît
Renoir, Sisley
et Bazille sur qui il exerce son ascendant.
Sa rencontre avec Jongkind a une grande importance
dans son oeuvre.
Monet dira plus tard : "Jongkind se fit montrer mes
esquisses, m'invita à venir travailler avec lui, m'expliqua
le comment et le pourquoi de sa manière et, complétant
par là l'enseignement que j'avais déjà
reçu de Boudin, il fut à partir de ce moment mon
vrai maître. C'est à lui que je dois l'éducation
de mon oeil."
En 1863, il passa l'été à Chailly en
forêt de Fontainebleau; il y revint en 1865 pour entreprendre
son immense toile:Le déjeuner sur
l'herbe. "Je ne pense plus qu'à mon
tableau et si je savais à le manquer, je crois que
je deviendrais fou" écrivait-il à
Bazille pour l'inviter à venir poser.
Courbet leur rendit visite et présenta
les deux amis à Corot.
Monet exposa pour la première fois au Salon de 1865.
La vie de Monet fut longtemps difficile et errante; 1866 le
voit encore à Paris, à Honfleur et Etretat;
au début de 1867, sans ressources, il est obligé
d'accepter l'hospitalité de sa famille à Sainte-Adresse.
A son retour il partage l'atelier de Bazille. Dans le courant
de l'année 1868, il s'installe à Bonières-sur-Seine,
Fécamp, Etretat. Mais en 1869, il séjourne à
Saint-Michel près de Bougival. Il peint alors avec
Renoir
La Grenouillère où il s'exercent à
traduire les effets fugitifs de l'eau et de la lumière.
La Grenouillère
par Monet 1869 Huile sur toile : 74,5 x 99 cm
The Metroplitan Museum of Art
New York
En 1870, il épouse
son ancien modèle : Camille Doncieux,
qui lui donna plusieurs enfants et qui épuisée
par la vie incertaine qu'ils menèrent
ensemble, devait s'éteindre en 1879.
Dès la déclaration de la guerre
franco-allemande, il se réfugia à
Londres où grâce à Daubigny,
il rencontra le marchand Durand-Ruel.
Pissaro étant venu le rejoindre,
ils visitent les musées et méditent
tout particulièrement devant les toiles
de Turner et Old Crome.
Pour revenir en France, il traverse la Hollande
(Séjour à Zaandam), la Belgique
(Anvers). A son retour, il s'installe à
Argenteuil, mais au printemps de 1872, il est
au Havre où il exécute la toile
qui allait devenir historique : Impression,
Soleil levant. A Argenteuil, il se
lie avec Caillebotte qui, par
la suite, devait venir à son secours
comme le firent à diverses reprises Renoir
et Manet.
Pour peindre plus aisément les jeux de
la lumière de l'eau, il fit aménager
un atelier sur un bateau. Il réalise
alors une série de toiles d'une grande
importance qui établissent définitivement
sa réputation auprès de ses amis.
Manet
lui-même subit l'attraction de sa forte
personnalité et c'est Monet qui finit
par l'amener à la couleur claire.
Monet fut l'instigateur de la première
exposition impressionniste en 1874.
L'année 1875 fut assombrie par la maladie
de Camille et par de terribles
difficultés financières. En 1786,
Monet rencontre l'amateur d'art Chocquet
et un autre amateur, Hoschédé,
lui demande la décoration Les
Dindons. Enfin, Monet entreprend une
de ces célèbres suites : La
Gare Saint-Lazare, qu'il devait achever
l'année suivante. Les coups du sort s'acharnent
sur Monet: son bienfaiteur Hoschédé,
son ami Daubigny, allaient
bientôt mourir, suivis, l'année
suivante par sa femme. Monet, désemparé,
cherche refuge dans une activité croissante.
La Grenouillère
par Renoir 1869
Il travaille avec acharnement à Vetheuil
Les Glaçons, Les Débâcles,
il expose dans les locaux de la Revue Moderne,
dirigée par l'éditeur Charpentier. Il s'installe
à Giverny avec la veuve de Hoschedé
qui deviendra sa seconde femme.
En mars 1883, la galerie Durand-Ruel
organise une importante exposition particulière
de ses oeuvres. Enfin en décembre, en compagnie
de Renoir,
il rend visite à Cézanne, puis fait un séjour
miraculeux sur la côte méditerranéenne,
à Bordighera et à
Menton. La galerie Georges Petit,
lui consacre une exposition (1885) et organise en 1889
la grande rétrospective Monet-Rodin.
En 1890, il achète sa propriété de
Giverny et commence la série des
Peupliers et des Meules qu'il poursuit
pendant deux ans. A Rouen il entreprend
la célèbre suite des Cathédrales.
Il voyage alors beaucoup, Oslo, Venise.
De son passage à Londres, il rapporte
Le parlement, Waterloo Bridge, Charing Cross Bridge,
qui seront exposés chez Durand-Ruel
en 1904.
A partir de cette époque, il se consacre aux Nymphéas
(esquisses exposées à la même galerie
en 1909). En 1908, il est atteint de troubles graves de
la vision. Opéré d'une double cataracte,
il retrouve partiellement la vue. Il commence en 1916
la vaste décoration des Nymphéas,
commandée par Georges Clemenceau,
qu'il offrira à l'Etat. Elle sera installée,
conformément à ses recommandations, après
sa mort, à l'Orangerie des Tuileries.
La Barque,1869 Huile sur toile : 146 x 133 cm
Paris, Musée Marmottan
Claude Monet meurt à Giverny,
âgé de 87 ans.
Dans une lettre écrite peu avant sa mort,
il tentera de préciser quel avait été
son rôle :
"J'ai toujours eu horreur
des théories... Je n'ai que le mérite
d'avoir peint directement, devant la nature,
en cherchant à rendre mes impressions
devant les effets les plus fugitifs, et je
reste désolé d'avoir été
la cause du nom donné à un groupe
dont la plupart n'avaient rien d'impressionniste."
Le déjeuner sur
l'herbe. 1865
Dim. originales : 4,20 x 6,50 m
Monet avait dû laisser
le tableau en garantie à son propriétaire à
qui il devait plusieurs mois de loyer. Lorsque des années
plus tard, il voulut le reprendre. Il était en grande
partie détruit par la moisissure. Il ne put en sauver
que deux morceaux.
Photo : Monet gardera jusque tard dans sa vie ce tableau,
racontant à ses visiteurs, ici le duc de Trévise,
l'histoire de ce tableau inachevé.
Impression, Soleil levant.
1873 Huile sur toile : 48 x 63 cm
Paris, Musée Marmottan
Cette toile qui capte l'ambiance
matinale du port du Havre a donné son nom à
la nouvelle école de peinture. Leroy, critique au "Charivari"
(journal parisien), ajoute : "Un papier peint est
plus travaillé que cette marine"
De tels articles n'ont pas seulement un intérêt
anecdotique, ils témoignent d'une tradition de l'éreintement,
typique des journaux de l'époque. Les auteurs, armés
de leur plume la plus acérée, plaisaient pour
leur esprit sarcastique et leur jugement sans appel. Sous
couvert de défendre les valeurs de la peinture académique,
ils étaient capables, souvent pour le seul plaisir
du bon mot, de briser une carrière. Leurs décrets
ne portaient pas seulement atteinte à la réputation
de l'artiste, ils influaient aussi sur les ventes et, comme
ce fut le cas pendant plus de vingt ans pour les impressionnistes,
discréditaient mécènes et collectionneurs
en les faisant passer pour des débiles mentaux ou,
au mieux, pour des aveugles.