Peintre,graveur et sculpteur français né
à Limoges, mort à Cagnes
(Alpes-Maritimes). Renoir était issu d'une famille pauvre.
Son père était un modeste tailleur qui entretenait
à grand-peine toute sa famille. Renoir commença
par peindre sur porcelaine; ce fut en quelque sorte son apprentissage.
Pour vivre, il décora ensuite des éventails et
des stores. Ayant fait quelques économies par ses travaux,
il put entrer à l'atelier de Gleyre
et rencontraMoneten
1862. Gleyre n'eut sans doute pas une haute
opinion de son élève quand il demanda au jeune
peintre assis devant sa toile :" C'est sans doute pour
vous amuser que vous faites de la peinture ?" - "Mais
certainement, répondit Renoir, et si ça ne m'amusait
pas, je vous prie de croire que j'en ne ferais pas."
Abandonné à lui même par Gleyre,
- assez dédaigneusement - Renoir en profita pour travailler
selon ses goûts en copiant les grands maîtres
au Musée du Louvre. Un jour, peignant
dans la forêt de Fontainebleau, il
fut pris à partie par des gamins qui se moquaient de
sa vieille blouse de porcelainier. Il fut secouru par l'arrivée
d'un homme vigoureux malgré sa jambe de bois : c'était
Diaz, qui le prit en amitié et lui
permit de s'approvisionner en couleurs à son compte.
La peinture de Renoir, d'abord influencée par Courbet,
trouve son premier accomplissement dès 1867, et sa
Lise est une oeuvre où déjà
se trouvent fixé les grands thèmes chers à
Renoir : la lumière et le corps de la femme.
Le Pont-Neuf
1872 Huile sur toile : 75 x 94 cm
National Gallery of Art, Washington
Renoir
peignit cette vue de Paris depuis l'étage
d'un café. Son frère Edmond inventait
des prétextes pour arrêter les passant
afin ,comme l'écrit Rewald : "de donner
au peintre le temps de faire son croquis. De cette
manière l'animation joyeuse était
fixée sur la toile"
Il reste aussi fidèle
à son admiration pour Delacroix
: ainsi ses Parisiennes habillées
en Algériennes, toile refusée
au Salon de 1872, sont directement inspirées
des Femmes d'Alger, Renoir et Monet
travaillent souvent côte à côte,
exécutant des oeuvres dans un même
esprit de recherche : la Grenouillère
(1869) (Cf biographie
de Monet) puis, plus tard, la Mare aux
Canards (1873). Une grande amitié
les lia, les incitant à mettre en commun
leurs découvertes techniques. A la déclaration
de la guerre, Renoir fut enrôlé
à Bordeaux. Il revint à Paris
dès la fin des hostilités.
se remettant aussitôt au travail, il peint
alors les rue animées de Paris
dont la facture évolue entre Corot
et Lépine : Le Pont-Neuf
(1872).
Les séjour qu'il fit auprès de
Monet
à Argenteuil (1873-1874)
allaient lui permettre de diviser le ton, d'éclaircir
sa palette, d'étudier toutes les transformations
de la lumière. Chez Monet,
il retrouva Manet,
alors que celui-ci, sur les instances deBerthe Morisot,se convertissait à la peinture
claire. Ces rencontres dans le jardin de Monet
à Argenteuil, ces séances
de travail au bord de la Seine
sont mémorables. Ce sont des moments
d'intense activité. Au milieu d'une vie
bruyante et animée, dans l'esprit lucide
de tous ces peintres, les découvertes
technique se succèdent. La nouvelle peinture
se précise.
La première exposition du groupe
(1874), que Renoir organisa et à laquelle
il participa, allait mettre cette nouvelle peinture
en évidence aux yeux de tous. Si la vente
aux enchères de 1875 fut un désastre,
à laquelle Durand-Ruel
assista impuissant, elle permit au moins à
Renoir de découvrir un nouvel amateur
: Chocquet. Celui-ci lui proposa
très rapidement, tant son admiration
pour sa peinture était grande, d'exécuter
le portrait de sa femme. Pour Renoir, il devint
par la suite un amateur actif et un soutien
généreux. Renoir, poursuivant
ses recherches sur la luminosité de l'atmosphère,
s'applique à la traduire à l'occasion
de thèmes différents et la poursuit
dans des cadres très divers : au théâtre
: La loge (1874), La Première sortie
(1876); en plein air : Le Moulin de
la Galette (1876), Jeanne Samary(1877),
et enfin il ne redouta pas de s'attaquer aux
portraits mondains en faisant poser Madame
Charpentier et ses enfants (1878), femme
de l'éditeur.
Tout en ayant participé aux expositions
impressionnistes de 1877 à 1879, cette
dernière année il est admis au
Salon. En 1880, séjournant à Croissy,
il commence sa célèbre composition
: Le Déjeuner des Canotiers,
où il évoque encore une fois la
vie heureuse et sensuelle qu' il affectionne.
Thème difficile et complexe où
il peut utiliser toutes les ressources de sa
main, où il peut traduire, dans la lumière
étincelante d'un jour d'été,
toutes les finesses particulièrement
aiguës de ses sensations. De 1881 à
1883, malgré des difficultés matérielles,
il séjourna en Algérie.
Puis il fit un voyage, déterminant pour
l'avenir de son oeuvre, en Italie
où il visita Florence,
Venise, Rome,
Naples et Pompéi.
En 1882 et 1883, il séjourna et travailla
auprès de Cézanne
à l'Estaque.
L'année 1884 marqua son détachement
des conceptions impressionnistes. Sous l'influence
encore vibrante du choc ressenti en Italie.
Renoir entreprend des recherches que l'on qualifia
de linéaires. La forme n'a plus tendance
à être absorbée par la lumière;
au contraire, elle est décrite par la
ligne; le contour se resserre et se fais alors
plus précis "Il produit des oeuvres
dont la matière peut varier, parfois
épaisse ou rugueuse, mais qui toutes
ont en commun une pureté linéaire
de contour, une atmosphère dépouillée
( D.Rouart : Renoir)
Le Déjeuner des
Canotiers 1880-1881 Huile sur toile : 130 x 173
cm
Collection Phillips, Washington
"Je
n'ai pu résister d'envoyer promener toutes
les décorations lointaines et je fais un
tableau de canotiers qui me démangeait
depuis longtemps, je me fais un peu vieux et je
n'ai pas voulu retarder cette petite fête
dont je ne serai plus capable de faire les frais
plus tard [...].
Je ne sais pas si je le terminerais mais j'ai
conté mes malheurs à Deudon qui
m'a approuvé; quand même les frais
énormes que je fais ne me feraient pas
finir mon tableau, c'est toujours un progrès
: il faut de temps en temps tenter des choses
au-dessus de ses forces."
Durant l'été 1880, Renoir s'ouvrait
ainsi à Bérard de ses soucis matériels
(mais Durand-Ruel lui acheta cette toile de longue
haleine dès février de l'année
suivante) comme de son enthousiasme pour l'oeuvre
qu'il venait d'entreprendre. Celle-ci constitue
une réponse partielle au défi lancé
cet été-là par Emile Zola
aux impressionnistes, les invitant à ne
plus se contenter d'esquisses sommaires, mais
à se risquer à des portraits ambitieux
et longuement médités de la vie
moderne.
Lise (la femme à
l'ombrelle). 1867
Huile sur toile : 184 x 115 cm
Folkwangmuseum - Essen.
Lise Thérot, nouveau
modèle et maîtresse de Renoir, apparaît
ici en plein air. Le jeu des lumières qui viennent
frapper sa robe claire constitue le thème principal
du tableau, en anticipant sur l'impressionnisme. Pour la pose
de la jeune femme, certains auteurs ont invoqués à
juste titre, un exemple de Courbet.
Portrait de Jeanne Samary
(La Rêverie)1877 Huile sur toile : 56 x 46 cm
Musée Pouchkine, Moscou
Ce portrait
d'une autre comédienne, amie de Renoir, joue résolument
sur des teintes chaudes, avec l'accent vif de ses orangés,
de ses roses et de ses rouges. Là encore, le timbre
froid de la robe verte, permet d'exalter par contraste la
splendeur de l'arrondi des épaules.
Baigneuse aux cheveux
dénoués
1903 Huile sur toile : 92 x 73 cm
Kunsthistorisches Museum, Vienne
A nouveau en 1885,1888,1889, il fait de
longs séjours auprès de Cézanne,
en 1890, il brise avec son style récent et adopte
cette fois une facture onctueuse, souple, nacrée,
qui sera d'une grande importance dans son oeuvre, et fixera
dans l'esprit de beaucoup l'image même de Renoir.
Désormais, les principaux éléments
de son style sont fixés. Il en variera jusqu'à
sa mort les composantes, mais on n'enregistera plus dans
son oeuvre de brusques ou contradictoires transformations.
En 1891, à nouveau, il séjourne dans le
Midi. L'année suivante il voyage en Espagne,
et Durand-Ruel organise à Paris
une importante exposition de ses oeuvres. En 1894, sans
atteindre complètement son but, il lutte pour faire
accepter par L'Etat le magnifique legs de Caillebotte.
Ce n'est qu'en 1897 que ce legs, amputé d'un nombre
important de tableaux, pourra entrer dans les collections
de l'Etat. Il est atteint pour la première fois,
en 1898, de rhumatismes aigus, maladie qui devait être
le calvaire de la fin de sa vie. De 1905 à 1909,
sa maladie s'aggrave et il décide de se fixer définitivement
dans le Midi. Il achète à Cagnes
le terrain des Collettes où il fait construire
se demeure et son atelier.
En 1912, sa maladie s'aggrave encore, il poursuit inlassablement
son travail, ne pouvant plus peindre qu'en faisant attacher
les pinceaux à ses poignets. Malgré son
état de santé, entouré de praticiens
avertis, il parvint à réaliser une oeuvre
importante qui le range parmi les grands sculpteurs de
son époque.
Il devait mourir à Cagnes le 3
décembre 1919.